Royaume-Uni : Victoire pour la protection des sources

Un tribunal de Londres a soutenu l’appel du journaliste Chris Mullin contre l’injonction de la police l’obligeant à révéler ses sources. Cet acte représente une victoire considérable pour la liberté des médias. En effet, la police des Midlands de l’Ouest avait ordonné à l’ancien député et journaliste de révéler la source des articles qu’il avait publiés. Ses publications traitaient de six hommes emprisonnés à tort pour avoir commis deux attentats à la bombe dans des pubs en 1974. Le 22 mars, lors de cette décision historique, le tribunal a défendu C. Mullin qui refusait de révéler sa source. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et le Syndicat national des journalistes (NUJ), qui avaient soutenu l’affaire, ont salué la victoire de C. Mullin.

Chris Mullin – Crédits : Mark Thomas

En 1974, un attentat à la bombe a été commis dans deux pubs de Birmingham, une grande ville du comté des Midlands de l’Ouest (Angleterre). Ces attentats, qui ont été attribués à l’Armée républicaine irlandaise (IRA), ont fait 21 morts. C. Mullin a écrit un livre au sujet de cet évènement atroce qui a contribué à la libération de six hommes condamnés à tort.

Selon les propos tenus lors d’une audience au tribunal de Londres le mois dernier, le responsable, qui a posé une bombe, aurait effectué des « aveux complets » à C. Mullin au cours de l’enquête. Cependant, le journaliste avait promis l’anonymat à la source au moment de son entretien et avait assuré qu’il ne révélerait jamais son identité.

La police des Midlands de l’Ouest avait demandé une injonction qui obligeait C. Mullin à dévoiler des documents relatifs à l’enquête menée entre 1985 et 1986 en vertu de la loi antiterroriste.

Louis Charalambous, l’avocat de Mullin, a déclaré que ce jugement « était une véritable étape pour la liberté d’expression » et a admis qu’il était dans l’intérêt du public de dénoncer cette erreur judiciaire. « Si une source confidentielle ne peut pas compter sur la promesse de protection à vie d’un journaliste, alors ces enquêtes ne verraient jamais la lumière du jour », a-t-il ajouté. 

Par le passé, C. Mullin avait déjà reproché à la police de ne pas avoir mené une enquête adaptée. Si cela avait été le cas, a-t-il affirmé, « ils auraient attrapé les véritables coupables dès le début ».

Dans son jugement, le juge Mark Lucraft a finalement apporté son soutien à Mullin, qui était accompagné dans cette affaire par la NUJ, et a déclaré que je journaliste ne devait pas remettre ses notes à la police.  

Michelle Stanistreet, Secrétaire générale de la NUJ, a indiqué : « Ce jugement est une lueur d’espoir dans une période où nous nous reposons plus que jamais sur des informations fiables, en dépit des journalistes qui sont confrontés à des défis juridiques croissants. Peu de journalistes ont fait preuve d’autant de courage et d’acharnement que Chris Mullin, et ils n’ont pas non plus bénéficié d’une défense aussi spectaculaire. »

De son côté, Chris Mullin a remercié la NUJ et son équipe juridique et a expliqué : « Dans cette affaire, mes actions étaient principalement dans l’intérêt du public. Elles ont conduit à la libération de six hommes innocents après 17 ans de prison, à la dissolution de la tristement célèbre West Midlands Serious Crime Squad, une unité de police dans la région, et à l’annulation de quelque 30 condamnations injustifiées. Cette affaire a aussi donné lieu à la création d’une commission royale qui a, entre autres, abouti à la formation de la commission de révision des affaires criminelles et à l’annulation d’au moins 500 autres condamnations injustifiées. Mes recherches sont également la principale raison pour laquelle l’identité de trois des quatre terroristes est connue. »

Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, a salué la décision de la Cour et s’est également exprimé : « La protection des sources des journalistes est l’un des piliers fondamentaux de notre profession. Nous applaudissons chaleureusement cette décision historique qui nous rappelle à tous notre engagement à respecter le secret professionnel concernant la source des informations obtenues à titre confidentiel. »

 

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