Inde: un journaliste détenu après avoir été empêché d’enquêter

Le journaliste Siddique Kappan a été arrêté et placé en détention par la police de Mathura (Etat d’Uttar Pradesh) car il aurait incité à la violence communautaire. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et ses affiliés indiens le Syndicat indien des journalistes (IJU) et l’Union nationale des journalistes-Inde (NUJ-I) condamnent cette arrestation et exhortent le gouvernement de l’Uttar Pradesh à relâcher le journaliste ainsi qu’à abandonner toutes les charges qui pèsent contre lui.

Le journaliste Siddique Kappan. Crédit: @deepurevathy/Twitter

Le 5 octobre, Siddique Kappan, journaliste chevronné établi à Dehli et travaillant pour diverses sociétés de presse (telle que azhimukham.com), a été arrêté. La veille, la police l’avait empêché de poursuivre sa route vers Hathras, ville où vivait une jeune femme décédée suite à un viol collectif. Face à la montée de la colère générale et des manifestations déclenchées par cette mort sordide, le gouvernement de l’Uttar Pradesh (PU), dirigé par le ministre en chef Yogi Adityanath, a qualifié le tollé de complot visant à provoquer des émeutes inter-castes. En outre, l’institution a affirmé qu’il s’agissait d’une tentative pour ternir sa réputation et a accusé les manifestants de perturber l’harmonie communautaire.

D’après le premier rapport d’information (FIR) déposé contre le journaliste et trois autres hommes, ces derniers ont été arrêtés en vertu (entre autres) des articles 153A (encouragement de l’animosité entre différents groupes), 295A (actes délibérés et malveillants destinés à heurter les sentiments religieux) et 124A (sédition) du Code pénal indien, en plus de la section 17 (peines prévues pour la levée de fonds en vue de commettre des actes terroristes) de la Loi de 1967 relative aux (à la prévention des) activités illégales. En outre, la police leur a confisqué leurs téléphones portables et leurs ordinateurs.

Ce 6 octobre, le Syndicat des journalistes en activité de Kerala (KUWJ) a introduit une requête (habeas corpus) pour que Siddique Kappan comparaisse immédiatement devant un juge.

La Secrétaire générale de l’IJU Sabina Inderjit a affirmé:  « Le gouvernement de Yogi Adityanath se livre sans scrupule à une censure voilée des médias. Dans toute société démocratique, le harcèlement et l’intimidation des journalistes tout comme l’étouffement de la vérité sont inacceptables. L’IJU exhorte le gouvernement de l’Uttar Pradesh à ne plus recourir à de telles stratégies de harcèlement et à respecter la liberté de la presse. »

Pour sa part, le président de la NUJ-I Ras Bihari a déclaré:  « Le Conseil de presse indien devrait être informé avant toute arrestation de journaliste. La NUJ-I réclame depuis longtemps l’adoption de ce mode opératoire. »

Enfin, la FIJ a indiqué:  « La déposition d’un FIR contre le journaliste Siddique Kappan démontre clairement que le gouvernement de l’Uttar Pradesh ne tolère aucune critique de la part de la presse. Cette affaire révèle également jusqu’à quel point le gouvernement est prêt à aller pour faire taire les voix indépendantes et les médias. La FIJ condamne fermement cette arrestation et démonstration d’intimidation et exhorte le gouvernement d’Uttar Pradesh à abandonner l’affaire ainsi qu’à relâcher le journaliste. »

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