Comores: quatre journalistes condamnés pour avoir rapporté des faits de violences sexuelles

Quatre journalistes comoriens ont été condamnés le 24 août à 9 mois de prison avec sursis et à une amende de 150.000 francs comoriens (environ 300 euros) pour avoir rapporté des faits présumés de violence sexuelle au sein de la radio-télévision publique. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) se joint à son affilié le Syndicat national des journalistes comoriens (SNJC) pour dénoncer une condamnation qui constitue un dangereux précédent pour la liberté d’expression et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Quatre journalistes comoriens poursuivis pour diffamation après avoir dénoncés une affaire d'agression sexuelle au sein la télévision des Comores. Capture d'écran: La Gazette des Comores

Abdallah Mzembaba de RFI, Andjouza Abouheir et Toufé  Maecha de la Gazette des Comores, et Oubeidillah Mchangama de Fcbk FM ont été condamnés le 24 août par le tribunal correctionnel de Moroni à 9 mois de prison avec sursis et à 150.000 francs (300 euros) d’amende chacun. Les quatre journalistes, membres du SNJC, ont été reconnus coupables de diffamation et injures. 

Ils ont intenté un recours auprès de la Cour d’appel le 31 août. 

Le 17 janvier 2023, la vice-présidente du SNJC, Andjouza Abouheir, dans un discours adressé au Président de la République à l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux présidentiel à la presse, a fait état des difficultés rencontrées par la profession et dénoncé des faits d’abus sexuels au sein de  l’Office de radio et de télévision des Comores (ORTC) sans désigner nommément de coupables.

Le discours a été relayé par la presse y compris par Abdallah Mzembaba de  RFI. Quant au journaliste Oubeidillah Mchangama, il aurait cité le nom de la localité de l’auteur de la plainte lors d’une émission, a indiqué le SNJC à la FIJ.

Un cadre dirigeant de l’ORTC a porté plainte contre les quatre journalistes et le procès s’est tenu le 22 juin 2023.

Suite à la condamnation prononcée le 24 août, le SNJC a déclaré: “Cette condamnation constitue un précédent dangereux pour la liberté d’expression et la  lutte contre les violences sexuelles et sexistes aux Comores.”

Le SNJC a notamment pointé “une volonté manifeste de faire taire les journalistes à quelques mois d’élections majeures en Union des Comores”.

Aucune enquête n’a été lancée concernant les agressions sexuelles présumées.

La FIJ dénonce des peines honteuses envers des journalistes qui n’ont fait qu’exercer leur métier et leur rôle de syndicalistes et exige l'abandon immédiat de toutes les charges à l’encontre de ses confrères et consoeur qui s’apparentent à une volonté de faire taire tout esprit critique sur des faits qui méritent une enquête sérieuse.

La présidente du Conseil du genre de la FIJ, Maria Angeles Samperio, a déclaré: “Nous saluons le courage du SNJC qui n’a pas hésité à prendre fermement position contre l’existence de violences sexuelles présumées au travail, violences qui ne sauraient être tolérées dans aucun média. Nous engageons l’ORTC à mettre en place une politique solide afin d’éradiquer toute velléité de harcèlement sexuel au travail.”

For more information, please contact IFJ on +32 2 235 22 16

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