Afghanistan : la FIJ lance une campagne de solidarité internationale alors que la violence des talibans menace les journalistes

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a lancé le 12 août une campagne de solidarité internationale avec les journalistes afghans, alors que la menace de violence s'accroît en Afghanistan et que les médias sont contraints de fermer leurs portes à la suite de la prise de contrôle du pays par les talibans.

Personnel de sécurité afghan et milice afghane combattant les talibans le 30 juillet 2021. Crédits: HOSHANG HASHIMI / AFP

Au cours des dernières semaines, les talibans ont réalisé d'énormes gains territoriaux dans tout l'Afghanistan, accompagnés d'une recrudescence des violences et des menaces à l'encontre des journalistes et des médias indépendants. Dans les régions dont les talibans se sont emparés, les médias ont été contraints de fermer ou de diffuser de la propagande talibane. Le personnel a fui ou s'est caché. Plus de 1200 journalistes et professionnels des médias ont déjà perdu leur emploi, et de nombreux autres sont menacés. Le 11 août, 10 médias ont été contraints de fermer leurs portes lorsque les talibans ont pris le contrôle de la province de Baghlan.

Partout dans le pays, les journalistes font l'objet de menaces et d'intimidations en raison de leur travail. Les femmes journalistes sont particulièrement visées, à la fois pour leur travail et à cause de l'application des normes sociales par les talibans. Ces derniers mois, des centaines de femmes journalistes ont été contraintes de fuir, ont été empêchées de travailler ou ont même fait l'objet d'attaques meurtrières ciblées.

Tous les professionnels des médias qui couvrent la situation en Afghanistan risquent actuellement leur vie. Les talibans sont suspectés d'avoir tué le journaliste Toofan Omar lors d'une attaque ciblée à Kaboul le 8 août. Toofan Omar travaillait comme directeur de la station de radio Paktia Ghag et était responsable de Nai, une organisation qui soutient les médias indépendants en Afghanistan. Deux jours plus tôt, le 6 août, les talibans ont assassiné le directeur du Centre des médias et de l'information d'Afghanistan, Dawa Khan Minapal, également à Kaboul.

Selon un rapport publié par la Nai en juillet, au moins 30 professionnels des médias ont déjà été tués, blessés ou torturés en Afghanistan depuis le début de l'année 2021.

La FIJ travaille de toute urgence avec ses affiliés, l'Association des journalistes indépendants afghans (AIJA) et l'Union nationale des journalistes afghans (ANJU) afin de fournir un soutien immédiat pour permettre aux journalistes de prendre des mesures de protection et de se mettre en sécurité. Les affiliés de la FIJ font également pression sur les gouvernements d'un certain nombre de pays pour qu'ils fournissent des visas d'urgence et un soutien logistique afin de permettre aux personnes les plus menacées de quitter le pays. Ceux des pays voisins s'efforcent de garantir un passage sûr aux journalistes contraints de quitter l'Afghanistan.

Dans plusieurs pays, les syndicats négocient directement au nom des journalistes avec les médias internationaux pour s'assurer que le personnel et les travailleurs indépendants puissent être relocalisés ou bénéficier d'une protection si nécessaire.

La FIJ a créé un fonds de solidarité spécial pour l'Afghanistan au sein du fonds de sécurité de la FIJ afin de fournir une aide supplémentaire, et invite ceux qui le peuvent à faire un don. Tous les fonds collectés serviront directement à fournir un soutien aux collègues afghans.

Le Secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger, a déclaré : "La violence contre les professionnels des médias augmente chaque jour en Afghanistan. Nous avons un devoir de diligence mais aussi un devoir moral de soutenir les journalistes qui travaillent et risquent leur vie pour couvrir le conflit en Afghanistan. Il est temps que les autorités, les organisations de défense des droits humains, les médias, les gouvernements et la communauté internationale fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer la sécurité des journalistes, de leurs collègues et de leurs familles. Solidarité et assistance sont plus que jamais nécessaires."

For more information, please contact IFJ on +32 2 235 22 16

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