En 1974, un attentat à la bombe a été commis dans deux pubs de Birmingham, une grande ville du comté des Midlands de l’Ouest (Angleterre). Ces attentats, qui ont été attribués à l’Armée républicaine irlandaise (IRA), ont fait 21 morts. C. Mullin a écrit un livre au sujet de cet évènement atroce qui a contribué à la libération de six hommes condamnés à tort.
Selon les propos tenus lors d’une audience au tribunal de Londres le mois dernier, le responsable, qui a posé une bombe, aurait effectué des « aveux complets » à C. Mullin au cours de l’enquête. Cependant, le journaliste avait promis l’anonymat à la source au moment de son entretien et avait assuré qu’il ne révélerait jamais son identité.
La police des Midlands de l’Ouest avait demandé une injonction qui obligeait C. Mullin à dévoiler des documents relatifs à l’enquête menée entre 1985 et 1986 en vertu de la loi antiterroriste.
Louis Charalambous, l’avocat de Mullin, a déclaré que ce jugement « était une véritable étape pour la liberté d’expression » et a admis qu’il était dans l’intérêt du public de dénoncer cette erreur judiciaire. « Si une source confidentielle ne peut pas compter sur la promesse de protection à vie d’un journaliste, alors ces enquêtes ne verraient jamais la lumière du jour », a-t-il ajouté.
Par le passé, C. Mullin avait déjà reproché à la police de ne pas avoir mené une enquête adaptée. Si cela avait été le cas, a-t-il affirmé, « ils auraient attrapé les véritables coupables dès le début ».
Dans son jugement, le juge Mark Lucraft a finalement apporté son soutien à Mullin, qui était accompagné dans cette affaire par la NUJ, et a déclaré que je journaliste ne devait pas remettre ses notes à la police.
Michelle Stanistreet, Secrétaire générale de la NUJ, a indiqué : « Ce jugement est une lueur d’espoir dans une période où nous nous reposons plus que jamais sur des informations fiables, en dépit des journalistes qui sont confrontés à des défis juridiques croissants. Peu de journalistes ont fait preuve d’autant de courage et d’acharnement que Chris Mullin, et ils n’ont pas non plus bénéficié d’une défense aussi spectaculaire. »
De son côté, Chris Mullin a remercié la NUJ et son équipe juridique et a expliqué : « Dans cette affaire, mes actions étaient principalement dans l’intérêt du public. Elles ont conduit à la libération de six hommes innocents après 17 ans de prison, à la dissolution de la tristement célèbre West Midlands Serious Crime Squad, une unité de police dans la région, et à l’annulation de quelque 30 condamnations injustifiées. Cette affaire a aussi donné lieu à la création d’une commission royale qui a, entre autres, abouti à la formation de la commission de révision des affaires criminelles et à l’annulation d’au moins 500 autres condamnations injustifiées. Mes recherches sont également la principale raison pour laquelle l’identité de trois des quatre terroristes est connue. »
Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, a salué la décision de la Cour et s’est également exprimé : « La protection des sources des journalistes est l’un des piliers fondamentaux de notre profession. Nous applaudissons chaleureusement cette décision historique qui nous rappelle à tous notre engagement à respecter le secret professionnel concernant la source des informations obtenues à titre confidentiel. »