Suisse: mauvaise nouvelle pour Le Courrier et pour le journalisme dans l'Affaire Gandur

Après une victoire au niveau pénal et en première instance au niveau civil en Suisse, Le Courrier a été désavoué le 23 novembre par les juges dans l’affaire qui l’oppose depuis six ans au milliardaire Jean Claude Gandur. La FIJ et son affilié Syndicom dénoncent une décision lourde de conséquences pour la rédaction du journal genevois indépendant. Mais également dangereuse pour le journalisme d’enquête et d’investigation.

[Translate to French:] Le tribunal de Lausanne. Photo DR

Le Tribunal fédéral a publié ce jour sa décision dans le recours déposé par Le Courrier dans la procédure qui l’oppose au milliardaire Jean Claude Gandur pour atteinte à la personnalité. Alors que le journal avait gagné au pénal et en 1re instance au civil avant de perdre en 2e instance et de faire recours, il est condamné par Mon Repos.

Au niveau pénal pourtant, la qualité du travail journalistique du portrait incriminé, la pertinence des sources et l’intérêt pour le public des informations publiées avaient été soulignés par le tribunal. L’article avait été publié dans le cadre de la votation genevoise sur l’extension du Musée d’art et d’histoire dans lequel Jean Claude Gandur voulait investir.

L’impact financier considérable que les plus de 40.000 francs de frais judiciaires auront sans doute sur Le Courrier est une illustration du contexte très dangereux d’attaques contre les médias et la liberté de la presse. La volonté politique de faciliter les mesures superprovisionnelles, véritables entraves au journalisme d’enquête et d’investigation, des menaces de procédures juridiques de plus en plus fréquentes envers des médias indépendants souvent fragiles financièrement, l’argent est désormais un outil de censure destiné à faire taire les médias.

Pour contester la déontologie du Courrier dans le portrait qui lui était consacré, le milliardaire Jean Claude Gandur aurait tout à fait pu saisir le Conseil suisse de la presse. En entraînant le journal dans une double procédure judiciaire longue et coûteuse, il a agi à dessein pour porter préjudice à sa rédaction et à son avenir. Et il est particulièrement grave qu’un Tribunal condamne un titre sur la forme d’un article, en l’espèce jugée trop affirmative et critique, d’avantage que sur les faits rapportés.

Il est profondément dangereux pour le rôle essentiel des médias dans le processus démocratique si les journalistes, désormais, hésitent à publier un fait et une enquête par crainte des sanctions économiques exigées par des personnalités au pouvoir financier illimité.

Comme depuis le début de cette affaire, syndicom apporte son soutien syndical à l’équipe du Courrier dans la suite qu’elle entendra y donner. En tant que syndicat des médias, nous assurons également de notre soutien tous les professionnels empêchés de pratiquer leur essentielle mission d’information. Cette situation d’attaques contre les médias s’inscrit parfaitement dans le débat actuel sur les aides à la presse. Un journalisme de qualité se doit d’être protégé au mieux des menaces juridiques et financières. La démocratie est à ce prix.

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