La
Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et la Fédération Européenne
des Journalistes (FEJ) se sont jointes à leur syndicat-membre, la NUJ (Syndicat
national des journalistes - Royaume-Uni et Irlande), pour condamner la
détention de David Miranda et la destruction des documents détenus par le Guardian en déclarant que ces incidents
sont de nouvelles attaques contre la liberté des médias et constituent un abus flagrant
de la loi.
David Miranda, le partenaire de Glenn Greenwald, le journaliste du Guardian couvrant les programmes de surveillance de masse
effectués par la National Security Agency (NSA) américaine a été détenu par la
police britannique à l'aéroport d'Heathrow pendant neuf heures, le dimanche 18
août, dans le cadre de « l'annexe 7 » des lois anti-terroristes du Royaume-Uni.
L'annexe 7 de la Loi sur le terrorisme de 2000 permet d'interroger les
voyageurs sous le couvert de la prévention du terrorisme. Ils n'ont ni le droit
de garder le silence ni de recevoir des conseils juridiques, et ils peuvent
être détenus pendant neuf heures. Selon David Miranda, on ne lui a posé aucune
question au sujet du terrorisme, mais on l'a contraint, durant son
interrogatoire, à divulguer les mots de passe utilisés pour lire ses courriels
et utiliser les médias sociaux. Son équipement électronique a également été confisqué.
Après l'incident, le rédacteur en chef du Guardian,
Alan Rusbridger, a révélé le lundi 19 août que le gouvernement britannique
avait contacté le journal au sujet des informations envoyées par le lanceur
d'alerte américain Edward Snowden. Alan Rusbridger a déclaré qu'un haut
fonctionnaire du gouvernement lui a demandé de renvoyer ou de détruire tous les documents de la NSA qui
ont fait l'objet de fuites, et il a ensuite accepté de détruire deux disques
durs en présence de deux experts en sécurité du GCHQ (service de renseignements électroniques du gouvernement britannique).
"Nous sommes choqués et profondément préoccupés par ce qui s'est passé en
Grande-Bretagne au cours des derniers jours", a déclaré le Président de la
FIJ, Jim Boumelha. "La détention de David Miranda et les révélations faites
par le Guardian sont des indications claires qu'il y a eu une utilisation abusive
des soi-disant lois anti-terroristes dans le pays."
"Cela soulève des questions cruciales - non seulement de savoir si
l'utilisation de l'annexe 7 était appropriée ou légalement justifiée, mais
aussi de connaître le rôle joué par les ministres britanniques dans ce
processus. Nous soutenons la demande exigeant que le Parlement britannique
étudie pourquoi il a été demandé au Guardian de détruire ou de remettre les documents
et qui a fait cette demande. "
La FIJ et la FEJ ont fait campagne pour une révision des lois anti-terroristes
depuis un certain nombre d'années. En 2011, pour marquer le 10ème anniversaire
des attentats du 11 septembre, une conférence conjointe s'est tenue à Bruxelles
pour débattre de la guerre contre le terrorisme et son impact sur les médias,
durant laquelle les journalistes ont demandé un passage en revue de toutes les lois
anti-terroristes et relatives à la sécurité nationale et l'élimination de
toutes les lois qui criminalisent les activités journalistiques.
"Nous demandons aux gouvernements de prendre des mesures immédiates pour
examiner ou évaluer l'utilisation des législations anti-terroristes. L'article
11 de la Charte européenne des droits fondamentaux a été violée de manière
flagrante ", a déclaré Mogens Blicher-Bjerregård, Président de la
FEJ. "Nous avons besoin d'un message clair et fort des dirigeants
politiques affirmant que les valeurs démocratiques ne sont pas négociables".
"Les incidents de la semaine dernière en Grande-Bretagne constituent une preuve supplémentaire de la poursuite de
l'érosion des droits civils et de la liberté des médias. Les journalistes à
travers le monde sont soumis à un contrôle et une surveillance de plus en plus
stricts : ils sont arrêtés aux frontières, leur travail est entravé
simplement parce qu'ils exercent leur profession. De telles actions sont
totalement inacceptables et la FIJ et la FEJ soutiennent l'appel de la NUJ pour
un examen approprié et indépendant de la législation contre le terrorisme par
la Commission européenne et la Cour européenne des droits de l'homme ".
Pour plus d'informations, veuillez contacter
la FIJ au + 32 2 235 22 17
La FIJ représente plus de 600.000 journalistes dans 134 pays
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