La FIJ condamne l’interdiction par la France d’une chaîne de télévision arabe : « la censure ne fait qu’ajouter à l’intolérance »

La Fédération internationale des journalistes a critiqué aujourd’hui la décision du Conseil d’État d’interdire à une chaîne de télévision arabe controversée d’utiliser le satellite Eutelsat, estimant que cette décision est « disproportionnée et inadéquate ».

Pour la FIJ, la décision du Conseil d’État ordonnant à Eutelsat de retirer la chaîne de télévision libanaise Al Manar de son bouquet suite aux accusations d’antisémitisme est une décision irréfléchie qui comporte de sérieuses implications pour la liberté d’expression.

« La censure ne fait qu’ajouter à l’intolérance et nourrit davantage encore le ressentiment et l’incompréhension », a déclaré Aidan White, le secrétaire général de la FIJ. « Si un diffuseur était fermé chaque fois que quelqu’un profère sur ses ondes des remarques choquantes ou inacceptables, il n’y aurait plus guère de télévisions dans le monde ».

L’action des autorités françaises fait suite à des accusations selon lesquelles Al Manar avait diffusé des remarques au contenu antisémite inacceptable. La FIJ reconnaît que les médias ont le devoir de préserver une certaine qualité et d’éviter les contenus potentiellement dangereux qui sont susceptibles d’inciter à la haine intercommunautaire, « mais les autorités ne doivent pas se lancer dans des jugements hâtifs sans prendre en considération les solutions professionnelles aux problèmes concernant les contenus ».

« En la circonstance, la décision de la justice administrative soulève de sérieuses préoccupations quant à ses prochaines actions pour normaliser les diffuseurs », a dit Aidan White. « Cette action est disproportionnée et inadéquate et ne va en rien réduire le gouffre d’incompréhension qui sépare à présent une bonne partie du monde occidental et quelques médias arabes ».

Le Conseil d’État, selon lequel les programmes diffusés par Al Manar « s'inscrivent dans une perspective militante, qui comporte des connotations antisémites», a averti que si Eutelsat n’interrompait pas sous 48 heures la diffusion d’Al Manar sur son satellite, elle serait sanctionnée par une amende de 5 000 euros par jour d’infraction au-delà de la limite fixée.

« Ces questions doivent être traitées par les professionnels, d’une façon qui prenne en compte les responsabilités déontologiques plutôt que par la censure pure et simple », estime White. « Cela ne fait qu’aggraver le problème».

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