La FIJ appelle à la libération des journalistes détenus au Mali pour un article sur le scandale sexuel d’un président imaginaire

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a appelé aujourd’hui le tribunal de la capitale du Mali, Bamako à libérer immédiatement de prison et retirer les charges contre quatre directeurs de publication, un journaliste et un professeur pour « offense au chef de l’Etat » après la publication d’un article sur un sujet de dissertation d’élèves portant sur le scandale sexuel d’un président imaginaire.

Le journaliste et le professeur de lycée sont en détention depuis le jeudi 14 juin dernier. Les quatre directeurs de publication ont été arrêtés hier après qu’ils ont publié l’article en question. Selon des sources, les directeurs de publication sont accusés de « complicité d’offense au chef de l’Etat ».

« Nous condamnons cette incarcération illégale qui est un clair abus de pouvoir du Procureur de la République, » a dit Gabriel Baglo Directeur du bureau Afrique de la FIJ. « Nous appelons le Président Amadou Toumani Touré à veiller à ce que le procureur abandonne cette affaire immédiatement. Elle entache l’image du Mali qui est vu dans la région comme un modèle de démocratie qui respecte la liberté d’expression. »

Lors d’une manifestation aujourd’hui, Ibrahim Famakan Coulibaly aussi bien président de l’Union Nationale des Journalistes du Mali (UNAJOM) que de l’Union des Journalistes d’Afrique de l’Ouest (UJAO), a été battu par les forces de sécurité et blessé aux jambes. Les forces de sécurité ont également fait usage de gaz lacrymogène contre les journalistes protestataires, qui ont manifesté devant le Ministère de la justice pour la libération de leurs collègues.

« Nous sommes outragés par cette attaque sur Coulibay, » a dit Baglo. « Nous soutenons ces manifestations des journalistes maliens et leur exprimons notre solidarité contre ces charges injustes. »

La FIJ soutient l’appel des journalistes maliens aux autorités afin de libérer immédiatement et sans condition le journaliste Seydina Oumar Diarra, les directeurs de publication, Sambi Touré de Info-Matin, Ibrahima Fall de Le Républicain, Alexis Kalambry de Les Echos et Haméye Cissé de Le Scorpion et le professeur Bassirou Kassim Minta et de retirer toutes les charges retenues contre eux sur la base que ni l’article ni le sujet du professeur n’ont offensé d’une quelconque manière le Président de la République.

Diarra, journaliste du quotidien privé Info-Matin et Minta, professeur de littérature dans un lycée privé de Bamako, sont en détention depuis le 14 juin. Cet emprisonnement fait suite à un article de Diarra publié dans l’édition du 1er juin de Info-Matin critiquant Minta pour avoir donné à des élèves un sujet de dissertation sur un président (qui n’a pas été nommé) impliqué dans un scandale sexuel.

« Ces charges sont sans fondement et apparaissent comme une tentative d’intimider des journaux qui ne soutiennent pas le parti au pouvoir, » a dit Baglo. « Le gouvernement ne peut pas emprisonner des journalistes et des directeurs de publication simplement parce qu’ils ne sont pas d’accord avec eux ou n’aiment pas leurs articles. »

Les quatre directeurs de publication, le journaliste et le professeur doivent comparaître le 26 juin devant un tribunal correctionnel de Bamako.

En solidarité avec leurs collègues, d’autres journaux ont promis de publier l’article. Le journal La Nouvelle République a publié l’article dans son édition du jour.


Pour plus d’informations, merci de contacter le + 221 842 01 43
La FIJ représente plus de 500 000 journalistes dans plus de 115