La Fédération
Africaine des Journalistes (FAJ),
l'organisation régionale de la Fédération Internationale des Journalistes
(FIJ), condamne fermement l'arrestation et la détention de trois journalistes
ivoiriens du journal Le
Nouveau Courrier d'Abidjan.
Les trois journalistes, Saint Claver Oula, Stéphane Guédé et Théophile Kouamouo,
respectivement rédacteur en chef, directeur de publication et directeur
administratif du journal le
Nouveau Courrier ont été
arrêtés le 13 juillet sur ordre du
procureur Raymond Tchimou Fehou. Ces journalistes sont accusés de « voler
des documents administratifs et rendre publics
des dossiers judiciaires encore en instruction ». Les autorités
judiciaires avaient auparavant demandé aux journalistes de divulguer la source
d'informations pour leur article. Quand les journalistes ont refusé de
divulguer leur source, le procureur a ordonné leur arrestation et détention.
«Ces accusations inventées de toute pièce contre
les journalistes ivoiriens pour soutenir l'abus de leur droit fondamental de ne pas divulguer la source de leur informations
constituent une violation de la liberté de la presse. Il s'agit d'une
tentative d'intimidation et de semer la peur parmi les journalistes et de les dissuader
de traiter des sujets sensibles, scandaleux et critiques par crainte de représailles. Ceci est un abus de pouvoir
que confère l'autorité de l'Etat et nous nous ne pouvons le tolérer», a déclaré
M. Omar Faruk Osman, président de la Fédération Africaine des Journalistes. «Nous
exigeons le retrait immédiat et
inconditionnel des allégations contre
ces journalistes et leur libération immédiate», a-t-il ajouté.
Les trois journalistes ont comparu deux fois devant
le tribunal depuis leur l'arrestation mais, curieusement, les séances ont chaque
fois été ajournées ; ce qui constitue un cas clair de complicité et de déni de justice. «Nous
ne sommes même pas sûrs qu'à la prochaine comparution, le 26 juillet, le
dossier sera traité. C'est clairement une justice retardée et donc un déni de
justice», a déclaré Monsieur Osman qui par ailleurs doute de la possibilité que le verdict soit rendu à cette date. Il a regretté que les trois journalistes
n'ont pas été bénéficié de la liberté provisoire.
«La peine requise par le procureur est scandaleusement
exagérée », a dit M. Omar Faruk, parlant
de la peine de prison d'un an pour chaque journaliste, 10 millions de Francs
CFA, la suspension du journal et de la confiscation de l'ordinateur du journal
par le procureur. La FAJ est solidaire avec son affilié, l'Union nationale
des journalistes de Côte d'Ivoire
(UNJCI), dans ses efforts pour faire libérer les journalistes emprisonnés.
«Il apparaît que ce n'était pas assez pour le gouvernement
ivoirien d'arrêter les journalistes puisque qu'il les maintient en
détention et cherche à arrêter la publication du journal, contraignant ainsi les
journalistes à arrêter un métier qu'ils ont librement choisi. Cela viole les principes de la libre expression internationalement reconnus qui ne devraient plus être abusés dans notre société moderne. Le gouvernement
ivoirien doit accepter cette réalité et libérer nos collègues», a déclaré Omar
Faruk Osman.
La FAJ s'inscrit en faux contre la référence faite aux informations dites secrètes, ou censées
porter atteinte à l'ordre national ou
public et toutes les exceptions de ce
genre qui sonnent juste comme des prétextes
pour contrecarrer la libre circulation de l'information au détriment des journalistes
et du public.
«La liberté de la presse exige le respect de l'indépendance des journalistes et des médias, le droit à la critique constructif et le droit d'accès à l'information. En arrêtantles journalistes, le gouvernement ivoirien se montre opposé à ces principes qui servent de pierre angulaire à n'importe quelle démocratie. Il démontre aussi le manque de tolérance et risque de perdre les acquis de la démocratie dont jouissent les citoyens des pays libres s'il continue à incarcérer les journalistes», a-t-il déclaré.
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