Inde : La police arrête des journalistes pour un reportage

La police d’Uttar Pradesh a arrêté trois journalistes dans le district de Baila, car ils ont révélé la fuite de questions d’examens scolaires. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et son affilié indien, l’Indian Journalists Union (IJU), exhortent les autorités indiennes à libérer sans attendre les journalistes.

Capture d’écran du journaliste Digvijay Singh qui s’adresse aux médias au sujet du harcèlement auquel il a fait face. Twitter/ Vinod Kapri

Le 30 mars, les journalistes Ajit Ojha et Digvijay Singh, associés au sein du quotidien hindi Amar Ujala, et Manoj Gupta qui travaille pour Rashtriya Sahara, ont été arrêtés en raison de leur reportage qui porte sur la fuite d’une épreuve d’anglais de la classe 12, qui devait avoir lieu le même jour.

Au même moment, les réponses à une épreuve de Sanskrit de la classe 10, prévue pour le 29 mars, ont fuité. Les deux examens du Conseil de l’Uttar Pradesh ont été annulés dans 24 des 75 districts de l’État.

L’administration locale a accusé ces trois journalistes d’être impliqués dans un complot afin d’influencer les journaux. Par conséquent, ils ont été arrêtés au même titre que 30 autres personnes dans le cadre de cette affaire.

La police de l’Uttar Pradesh a déposé un First Information Report (FIR), à savoir une plainte, contre les journalistes au poste de police de Ballia. Les chefs d’accusation sont les suivants : « tricherie et malhonnêteté en vue d’obtenir la remise d’un bien », en vertu de la section 420 du Code pénal indien, « possession et divulgation non autorisées de sujets d’examen », en vertu de la loi relative aux examens publics de l’Uttar Pradesh, « réception malhonnête de ressources informatiques ou de dispositifs de communication volés », en vertu de la section 66B de la Loi sur les technologies de l’information.

À la suite de ces arrestations, des journalistes locaux ont organisé une manifestation devant le poste de police de Ballia pour demander la libération immédiate des journalistes. Les membres du Working Journalists of India ont considéré l’arrestation comme une stratégie destinée à masquer l’échec de l’administration et ont organisé une manifestation le 7 avril au GPO Park à Hazratganj (Lucknow).

A. Ojha et D. Singh ont affirmé sur les réseaux sociaux qu’ils ont été arrêtés en guise de représailles pour leurs reportages critiques. Le second a déclaré être détenu pour ne pas avoir révélé sa source à la police, tandis que le premier a révélé que des policiers avaient endommagé son bureau et harcelé ses collègues.

En Inde, il est courant pour les journalistes de faire l’objet de poursuites sous différents prétextes. Par exemple, Fahad Shah, rédacteur en chef de The Kashmir Walla, a été condamné en mars dernier en vertu de Loi sur la sécurité publique du Jammu-et-Cachemire. Le journaliste est confronté à de multiples accusations depuis sa première arrestation le 4 février.

Geetartha Pathak, Président de l’IJU, a déclaré : « L’Indian Journalists Union (IJU) exprime sa profonde inquiétude au sujet de l’arrestation de trois journalistes, à savoir Ajit Kumar Ojha, Digvijay Singh et Manoj Gupta, du district de Balia (UP), pour avoir réalisé un reportage sur la fuite des questionnaires d’examens. L’IJU condamne l’arrestation de journalistes dans le cadre de leur fonction. »

La FIJ a déclaré : « Les autorités indiennes tentent incontestablement de faire taire les voix critiques en intentant de faux procès contre des journalistes et des professionnels des médias. De plus, la Fédération condamne les arrestations d’Ajit Ojha, Digvijay Singh et Manoj Gupta et demande aux administrations nationales et étatiques de l’Inde de permettre aux médias de travailler en toute sécurité et indépendance. »

 

 

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