« Il faut mettre un terme aux poursuites contre les journalistes en Turquie », déclare le Président de la FEJ

Le journalisme indépendant ne peut pas survivre en Turquie tant que le recours abusif aux lois réprimant le terrorisme continue de servir de prétexte pour réduire les journalistes au silence, selon le président de la Fédération Européenne des Journalistes, Arne König. Ce dernier s'exprimait après les récents procès de quelques-uns des dizaines de journalistes actuellement emprisonnés en Turquie.

M. König, qui a assisté au procès de 10 journalistes accusés de terrorisme qui s'est déroulé à Istanbul lundi passé (26 décembre), a plaidé pour une action rapide en vue de garantir la liberté de la presse dans ce pays: "Il est maintenant temps de mettre un terme à ces arrestations et à ces poursuites. C'est comme si la Turquie était devenue une prison pour les journalistes."

"Aucune distinction n'est actuellement faite entre terrorisme et journalisme. Les autorités doivent reconnaître que les journalistes ont droit à leur indépendance."

"Les autorités semblent appliquer une définition tellement large du terrorisme que toute personne mettant des idées par écrit peut être poursuivie. Ce n'est pas dans cet  d'environnement que les médias se sentiront libres de couvrir les événements de manière indépendante ou que les journalistes se sentiront capables d'exercer leur métier."

La FEJ a considéré les propos tenus récemment par le ministre turc de l'Intérieur, ?dris Naim ?ahin, comme "extrêmement inquiétants". Lors d'un discours prononcé à Ankara le 26 décembre, il a déclaré: "Le terrorisme ne consiste pas seulement en attaques terroristes armées. Il a une autre dimension. Le terrorisme psychologique existe également." Le ministre a ensuite mis en exergue un certain nombre de domaines dans lesquels un soutien pouvait être apporté au terrorisme, dont l'art, la poésie, le journalisme et les milieux universitaires.

Plus de 90 journalistes sont actuellement détenus, dans l'attente d'un procès, le plus souvent sous le prétexte d'activités terroristes.  

Ercan Ipekci, Président du Türkiye Gazeteciler Sendikas? (Syndicat des journalistes de Turquie) et membre du Comité directeur de la Fédération Européenne des Journalistes a déclaré: " Nous faisons face à une terrible situation, en Turquie. Nous ne pouvons pas parler de liberté de la presse ou de liberté d'expression. En prenant les dernières arrestations en considération, nous atteignons maintenant un total de 95 journalistes emprisonnés."

"Dans de telles circonstances, nous nous inquiétons des déclarations des membres du gouvernement turc. Ils continuent à soutenir qu'ils ne prennent pas les journalistes pour cibles et ils continuent à chercher à appliquer les lois antiterrorisme aux activités journalistiques. Les déclarations officielles faites par les différents ministres ne permettent plus aucun espoir d'amender le Code Pénal et la législation antiterrorisme."

"Nous demandons au Parlement turc de prendre conscience du sérieux de la situation et de prendre toutes les mesures nécessaires pour modifier ces lois. Nous sommes prêts à apporter notre contribution durant ce processus législatif." 

Le mois passé, la FEJ a mené une mission internationale, en collaboration avec d'autres organisations internationales de défense de la liberté de la presse, dans l'objectif de soutenir la libération immédiate de tous les journalistes turcs arrêtés en raison de leurs activités professionnelles.

Cette mission s'est déroulée en novembre afin de coïncider avec les procès de certains des journalistes actuellement derrière les barreaux. Ces cas ont été ajournés jusqu'au 26 décembre, et le président de la FEJ était à Istanbul cette semaine pour suivre le déroulement de ces procès.

Les différents rapports suggèrent que des milliers de journalistes font actuellement l'objet d'enquêtes et M. König a tenu à donner la position de la FEJ: "La Fédération Européenne des Journalistes continuera à montrer sa solidarité avec nos collègues, qui se trouvent derrière les barreaux simplement pour avoir effectué leur travail de journalistes. Nous avons le devoir de nous assurer que le monde soit informé sur ce qui se passe en Turquie."

La FEJ est le groupe européen de la Fédération Internationale des Journalistes
La FEJ représente plus de 260.000 journalistes dans plus de 30 pays.

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