Encore un journaliste mis en examen: La protection des sources en France devient une « urgence », déclare la FEJ

La Fédération europénne des journalistes (FEJ), le groupe européen de la Fédération internationale des journalistes, a rappelé aujourd’hui l’urgence de renforcer la cadre législatif sur la protection des sources alors qu’un journaliste du Monde a été mis en examen.

« Il est urgent de renforcer la législation sur la protection des sources en France », a déclaré le président de la FEJ Arne König. « Malheureusement nous ne sommes pas surpris par ce nouvel incident, qui s’est produit précisément à la veille d’une rencontre entre les syndicats de journalistes et les services de la Garde des Sceaux, Mme Rachida Dati, à ce sujet»

Le 6 décembre M. Guillaume Dasquié a été mis en examen pour « compromission du secret de la défense ». M. Dasquié est soupçonné d’avoir publié dans Le Monde du 17 avril 2007 des documents « non déclassifiés » de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) sur les connaissances des services français sur Al-Qaida avant le 11 septembre 2001 qui mentionnaient des projets de détournement d’avion. Le journaliste a toujours refusé de révéler ses sources.

La ministre de la défense de l’époque , Michèle Alliot-Marie, avait déposé plainte contre X et le domicile de M. Dasquié a été perquisitionné le 5 décembre.

« Nous ne doutons pas un seul instant que cette mise en examen a pour seul but de faire avouer ses sources à ce journaliste », a déclaré Arne König, « alors qu’il s’agit de fuites d’informations d’intérêt public. Ce n’est pas au journaliste de porter le chapeau ».

La FEJ, qui rappelle que la France a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme pour non respect de la protection des sources, avait déjà écrit une lettre à Mme Dati le 10 septembre 2007 pour soutenir les revendications des journalistes français. Le 29 novembre, les organisations syndicales de journalistes (SNJ, USJ-CFDT, SNJ-CGT, SJ-FO, SJ-CFTC, SGJ-FO) ont à leur tour rencontré Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication et une réunion sur le sujet a lieu aujourd’hui même avec la Chancellerie.

Pour la FEJ il est grand temps que les journalistes puissent travailler dans un cadre juridique clair, en toute sérénité, en respect avec la l’article 10 de la Convention européenne des droits l’ Homme et de la jurisprudence constante de la Cour de Strasbourg.

Le 12 Novembre dernier, la FEJ s’était déjà inquiété de la dégradation de la protection des sources à travers le monde y compris dans des pays démocratiques, comme cela a été mis en évidence dans un rapport de l’organisation Privacy International : http://www.privacyinternational.org/silencingsources  

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