Discours de haine sexiste: les médias doivent réfléchir à la représentation des femmes et des hommes dans l’information

La FEJ était invitée à un séminaire du Mouvement contre le discours de h@ine dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie de l’égalité hommes-femmes du Conseil de l’Europe. Il a eu lieu du 10 au 12 février au Centre européen de la jeunesse à Strasbourg. Le discours de haine sexiste est particulièrement d’actualité pour les femmes journalistes, à la fois sur internet mais aussi hors ligne. Ces expressions directes de la violence contre les femmes et les filles demeurent la forme la plus prononcée d’un rapport de force inégal entre les femmes et les hommes, une des causes profondes de la discrimination contre les femmes. Leurs auteurs peuvent être des anonymes, mais aussi des collègues ou des employeurs… En 2013, l’étude d’IWFM/INSI sur les femmes journalistes révélait que près de la moitié des personnes interrogées déclaraient avoir été victimes de diverses formes de harcèlement sexuel. Le rapport dévoile également que la majorité des abus sont perpétrés par des supérieurs ou des collègues. Au Royaume Uni, une étude réalisée par le National Union of Journalists (NUJ) en 2014 dans le secteur audiovisuel mettait en lumière le traitement consternant infligé à certaines femmes sur leur lieu de travail. 43% faisaient état de comportements sexistes alors que 45% se plaignaient d’attitudes sexistes de la part de leur direction. Un phénomène plus récent est le discours de haine sexiste en ligne. Les professionnelles des médias sont 3 fois plus exposées sur les médias sociaux que les hommes. Ce discours prend habituellement deux formes:
  • imposture en ligne : les auteurs créent de faux tweets et de fausses pages Facebook, se font passer pour la journaliste et envoient des remarques déplacées en son nom ;
  • insultes, menaces et harcèlement dans des courriels et sur des médias sociaux.
Nous devons nous assurer que ce type de discours soit traité avec sérieux car il ébranle la sécurité des femmes au travail et les employeurs ont un devoir de vigilance et de réaction aux agressions. La mise en place de politiques internes, une meilleure modération des commentaires en ligne et une culture de salle de presse qui soutienne les collègues dans le besoin sont indispensables. Les médias doivent réfléchir à l’image des femmes dans l’information. Ils ont une véritable influence sur la perception qu’a le public des rôles assignés aux femmes et aux hommes dans la société. Tant que les femmes bénéficieront d’un taux de visibilité et d’écoute dans les informations qui ne dépasse pas 24% (GMMP 2015), la perception du public restera biaisée.