Le 13 mars dernier, les autorités algériennes avaient donné un « dernier avertissement » à France 24, mettant en cause la couverture médiatique des marches du mouvement de contestation Hirak. Le ministère de la Communication en Algérie accuse la chaîne de manquer d’objectivité et de prendre parti pour le mouvement antigouvernemental. Marc Saikali, directeur de France 24, avait alors réagi en affirmant « Nous essayons de faire notre travail le plus honnêtement possible, […] dans le respect des règles en vigueur ».
Trois mois plus tard, la menace d’un retrait d’accréditation s’est concrétisée, dans un pays où remplir sa mission d’informer est très difficile.
La décision de retirer l’accréditation à France 24 intervient au lendemain des élections législatives anticipées du 12 juin, marquées par un taux d’abstention avoisinant les 70 %. Ces élections, censées apporter de la légitimité au régime en place, se sont tenues dans un contexte de répression croissante. Le gouvernement a multiplié les interpellations et arrestations de journalistes, avocats, hirakistes et opposants politiques. Le 10 juin, les autorités ont arrêté les journalistes Khaled Drareni et Ihsan El Kadi, finalement relâchés deux jours plus tard.
Notre affilié français, le Syndicat National des Journalistes – CGT, dénonce sur Twitter « une atteinte à la liberté de la presse » :
Dans un entretien à l’AFP, Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, a déclaré que le retrait de l’accréditation de France 24 est une « catastrophe » et « une nouvelle extrêmement inquiétante ». Il ajoute : « Cette réaction disproportionnée des autorités algérienne est une énième tentative d’intimidation des médias qui a également pour but de dissuader d’autres chaînes internationales de couvrir la réalité du pays. Nous exigeons des autorités qu’elles lèvent immédiatement cette suspension à l’encontre de France 24 et laissent nos confrères et nos consœurs exercer librement leur métier sur le terrain ».