Open Letter on Iraq Crisis (Français)

Mesdames, Messieurs,

Dans la perspective d’une nouvelle guerre au Golfe persique, l’Institut international pour la sécurité de la presse (International News Safety Institute - INSI), une coalition sans précédent d’entreprises du secteur des médias, de journalistes, de groupes défendant la liberté de la presse et d’organisations internationales, exhorte toutes les parties à respecter la sécurité et l’intégrité des journalistes présents sur le champ de bataille.

Ces dernières années, le nombre d’employés du secteur des médias tués et persécutés dans l’exercice de leurs fonctions a connu une forte augmentation. Quelque 65 journalistes et employés du secteur des médias ont été tués l’an dernier. Beaucoup d’autres ont été confrontés à la violence de groupes se sentant menacés par leur travail. Une evantuelle guerre en Irak mettra des centaines d’autres journalistes dans la ligne de mire.

Si certains employés du secteur de la presse voyageront avec les forces déployées et sous leur protection, beaucoup d’autres agiront seuls. Ils leur incombe à tous de couvrir la guerre et ses effets sur la population de manière indépendante et non-censurée. Cela fait d’eux des cibles potentielles, comme cela s’est vu dans les territoires palestiniens, où des cameramen, puisqu’il s’agit plus particulièrement d’eux dans ce cas, ont été abattus et frappés et en Afghanistan, où plus de journalistes que de soldats ont été tués en deux semaines de guerre terrestre.

L’Institut international pour la sécurité de la presse, dont nous sommes les fondateurs, est un réseau mondial créé afin de contrecarrer les attaques dont sont sujets les journalistes. Ces attaques ne sont pas seulement des tragédies personnelles: elles endommagent la démocratie et réduisent la circulation des nouvelles et de l’information autour du globe.

L’INSI rappelle à toutes les armées et à leurs commandements que les personnes travaillant dans le secteur de la presse sont des non-combattants qui jouissent de la protection du droit international. Les Conventions de Genève demandent que soient respectés les droits de l’homme du journaliste en temps de guerre. Les journalistes sont considérés comme des civils et doivent donc être protégés contre toute forme de violence, les menaces, l’emprisonnement et la torture.

Plus spécifiquement, il ne peut être toléré que les journalistes ou les locaux civils où ils se rassemblent pour travailler, tels que journaux, centres de diffusion ou tout autre immeuble non-militaire, puissent être considérés comme cibles.

Lorsqu’on parle de guerre, on évolue toujours dans un brouillard composé de déceptions, de désinformation et de manipulation des médias. C’est pourquoi il est crucial de pouvoir bénéficier d’une couverture indépendante de ce qui se passe en Irak, avant, durant et après la guerre. Nous demandons aux journalistes et aux personnes travaillant dans le secteur des médias de se comporter en professionnels et de jouer la carte de la sécurité mais nous demandons également à toutes les parties impliquées de ne pas s’en prendre aux médias et de s’engager à garantir la sécurité des journalistes.

Chris Cramer
Président honoraire, Institut international pour la sécurité de la presse

Rodney Pinder
Directeur, Institut international pour la sécurité de la presse

Johann P. Fritz
Directeur, Institut International de la Presse (IIP)

Aidan White
Secrétaire général, Fédération internationale des journalistes (FIJ)