Les journalistes solidaires face au « dédale juridique » qui conduit un confrère sénégalais en prison

La Fédération Internationale des Journalistes a apporté aujourd’hui son soutien à une campagne massive lancée par les journalistes et la société civile, impliquant notamment une grève générale prévue pour vendredi, face à une exigence de réforme du code pénal sénégalais, qu’elle décrit comme un « dédale juridique et un véritable cauchemar pour les journalistes ». La FIJ appelle à la libération immédiate d'un responsable de publication enfermé depuis le début du mois.

Le Secrétaire Général de la FIJ Aidan White a déclaré que l’emprisonnement de Madiambal Diagne, directeur du Quotidien, « viole les principes essentiels de la liberté d’expression et dérive d’un cadre légal qui représente un cauchemar pour les journalistes et tous ceux qui travaillent pour les médias. Nous soutenons pleinement la campagne visant à libérer notre collègue et à faire évoluer cette loi affligeante ».

Le soutien de la FIJ intervient après une manifestation de journalistes, avocats et autres groupes de la société civile à l’extérieur des bureaux du Ministère de l’Information, le 19 juillet. Les responsables de la campagne appellent le Ministre Mamadou Diop Decroix à soutenir la loi sur la presse qui donne aux journalistes le droit de protéger leurs sources, à intervenir pour assurer la libération de Madiambal Diagne et à proposer une modification du Code Pénal, particulièrement dans son article 80, traitant de la sécurité nationale, qu’ils déclarent être détourné dans son utilisation contre les journalistes.

D’après les militants, conduits notamment par Alpha A. Sall, également Secrétaire Général de l’Union des Journalistes d’Afrique de l’Ouest (UJAO), cet article prévoit au moins trois ans d’emprisonnement pour un délit d’atteinte à la sûreté de l’Etat, y compris « la divulgation d’informations contre l’Etat », et équivaut à ce qu’ils décrivent comme un arsenal répressif fondé sur une puissance de feu juridique contre la presse.

La FIJ appelle ses syndicats membres à appuyer la campagne pour libérer Diagne et pour faire ensuite évoluer cette loi punitive. Celle-ci avait déjà été utilisée contre la presse dans le cas de Sophie Malibeau, une correspondante de Radio France Internationale qui avait été expulsée du Sénégal en octobre 2003. Dans cette dernière affaire, Diagne a été accusé suite à un reportage de son journal et a été confronté à des pressions visant à lui faire révéler ses sources.

Malgré l’espoir de le voir libérer rapidement, une grève des journalistes et des employés des médias est prévue pour ce vendredi à Dakar et une marche nationale sera organisée. Il est également prévu le même jour de relayer les protestations liées à cette affaire à Paris, alors que le Président sénégalais M. Abdoulaye Wade rencontrera son homologue français à l’Elysée.

« Il s’agit ici d’une affaire et d’une campagne qui doivent être prises au sérieux au niveau international » a déclaré White. « Le Sénégal est un pays où la démocratie est profondément enracinée mais le recours à des lois rétrogrades contre les journalistes et les médias engendre de dangereux précédents qui pourraient être suivis par d’autres Etats dans la région ».

Plus d’information: + 32 2 235 22 00
La FIJ représente près de 500 000 journalistes dans plus de 100 pays.