Côte d'Ivoire: Opération vérité sur la disparition de Guy-André Kieffer



- Communiqué du Syndicat national des journalistes - CGT (SNJ-CGT)-

Le 16 avril, notre confrère franco-canadien Guy-André Kieffer, âgé de 54 ans, marié, père de trois enfants, disparaissait en plein jour dans Abidjan.

Depuis aucune nouvelle ; son téléphone portable est coupé, son véhicule n’a pas été retrouvé.

Selon le journal ivoirien « Le Patriote », ce journaliste pigiste pour « La lettre du Continent » (publication spécialisée sur les problèmes africains), ancien journaliste à l’hebdomadaire économique « La Tribune » de 1984 à 2002, a été vu pour la dernière fois le 16 avril à 13h00 (GMT) dans un centre commercial de la capitale alors qu’ il avait rendez vous avec un informateur, dans le cadre des reportages d’investigation dont il était coutumier.

Le 21 avril le Directeur général de la police ivoirienne confirmait l’ouverture d’une enquête préliminaire et lançait un appel à témoins.

Le Directeur de « La Lettre du Continent » déclarait pour sa part sur LCI que « Guy-André se sentait menacé. Il travaillait sur des dossiers sensibles. Il était devenu extrêmement gênant. »

Le 22 avril, selon la porte-parole de la Présidence française, le Président Chirac téléphonait à son homologue Ivoirien le Président Gbagbo pour lui demander « de faire le maximum pour retrouver notre compatriote ».

Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères déclarait que « l’Ambassade de France et les attachés de sécurité intérieure des ambassades française et canadienne, ainsi que et le consulat général à Abidjan, étaient associés à cette enquête et suivaient cette affaire avec toute l’attention requise. »

L’ONU a effectué une démarche officielle auprès des autorités ivoiriennes.

L’Assemblée parlementaire de la Francophonie, qui regroupe une soixantaine de Parlements des pays et communautés francophones, a exprimé le 23 avril « sa vive inquiétude, en déplorant les conditions d’insécurité dans lesquelles les journalistes effectuent leur travail en Côte d’Ivoire et réitèrent la nécessité de garantir la liberté de la presse en conformité avec les engagements pris depuis les accords de Marcoussis ». L’ APF demandait « aux autorités ivoiriennes de tout mettre en œuvre afin d’élucider les circonstances de cette disparition. »

Le 26 avril, le Directeur de la Police judiciaire ivoirienne précisait qu’« il n’y avait rien de nouveau, pas d’indice et que l’enquête se poursuivait. »

Le même jour, lors d’une conférence de presse à l’occasion d’une réunion sur le bassin du Niger regroupant neuf dirigeants africains, Jacques Chirac se disait « extrêmement préoccupé par l’absence totale d’informations. Je m’en suis encore entretenu avec le Président Gbagbo, il m’a dit qu’il n’avait pas non plus d’informations ».

L’Ambassadeur de France indiquait qu’« une cellule de crise avait été mise en place avec les canadiens et qu’une rencontre était programmée le même jour avec le Premier ministre du gouvernement de réconciliation nationale. »

Le 28 avril la famille de Guy-André déposait plainte contre x pour enlèvement et séquestration, afin de « permettre aux autorités françaises d’agir dans ce cadre et qu’une équipe de police française intervienne aux côtés de la police ivoirienne dans un souci d’efficacité et pour éviter un enlisement. »

Depuis 19 jours l’enquête n’avance pas. Nous sommes sans aucune nouvelle !

APPEL A LA MOBILISATION DE LA PROFESSION

Alors que le parquet de Paris vient de désigner un juge d’instruction, la profession doit se mobiliser.

Prenez toutes les initiatives dans vos rédactions pour que des reportages soient effectués dans vos titres respectifs afin d’obtenir la vérité.

DES COMMISSIONS ROGATOIRES INTERNATIONALES DOIVENT-ETRE LANCEES PAR LA FRANCE ET PAR LE CANADA.

Multipliez partout la création de Comités de soutient comme aux Etats Unis, au Sénégal, au Niger et en Bretagne.

Envoyez des pétitions, courriers, aux autorités, ministères, ambassades, consulats et parlementaires français, canadiens, ivoiriens et européens.

Une centaine de journalistes de « La Tribune » réunis en assemblée générale ont d’ors et déjà appelé les « autorités françaises à ne pas ménager leurs efforts pour faire la lumière sur cette affaire ».

Un Comité de soutien « Vérité pour Guy-André Kieffer » vient de se créer à Paris (contact : [email protected]).

Le SNJ-CGT a décidé d’y adhérer et de lui apporter tout soutien logistique.

Paris le 5 mai 2004.