Le tribunal examinera l'affaire le 2 février dans le cadre d'une procédure en référé initiée par Valeurs Actuelles. En cause: un avis du CDJM rendu le 10 novembre 2020 qui constate que l'hebdomadaire de référence de la droite radicale a violé la déontologie journalistique ("atteinte au respect de la dignité des personnes") en publiant, le 27 août 2020, un article dans lequel la députée française Danièle Obono était représentée en esclave, nue et enchaînée.
Le parquet de Paris avait alors ouvert une enquête préliminaire pour "injure à caractère raciste" à l'encontre de l'hebdomadaire. La députée Danièle Obono avait par ailleurs porté plainte contre Valeurs Actuelles, le 2 septembre 2020.
Suite à l'avis du CDJM constatant la violation de la déontologie journalistique, le SEPM a annoncé, par communiqué le 27 janvier 2021, qu'il s'opposerait désormais systématiquement à tout avis du CDJM portant sur les publications périodiques qui adhèrent au SEPM.
Le CDJM dénonce à juste titre une "procédure bâillon" et une tentative du SEPM "d'interdire toute expression concernant le respect de la déontologie du journalisme" dans les publications des médias affiliés au SEPM.
"Par cette décision, qui est une première, les patrons de la presse magazine montrent l'intérêt du CDJM dans une société démocratique et soulignent, malgré eux, la pertinence de leurs avis", déclare le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger. L'article 9 de la Charte d'éthique mondiale des journalistes de la FIJ (2019) rappelle d'ailleurs que "Le ou la journaliste veillera à ce que la diffusion d’une information ou d’une opinion ne contribue pas à nourrir la haine ou les préjugés [...] afin d'éviter la propagation de discriminations fondées sur l’origine géographique, raciale, sociale ou ethnique..."
"Cette affaire a le mérite de démontrer que les patrons de la presse magazine française privilégient les intérêts particuliers d'un titre connu pour ses écarts déontologiques, plutôt que l'intérêt général de la société à défendre une presse de qualité respectueuse des principes éthiques", ajoute Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la FEJ. "Les patrons de presse montrent leur vrai visage en s'attaquant à un organe indépendant qui intègre la société civile".
La FIJ et la FEJ ont dénoncé la tentative de torpillage du CDJM au Conseil de l'Europe.